Tout savoir sur les torches
La torche (ou torchère) est un organe de sécurité des raffineries et des industries notamment dans les secteurs du pétrole, de la chimie et de la pétrochimie. Son installation et son utilisation sont règlementées. Très visible lorsque la flamme est vive et encore plus lorsqu’elle produit un panache de fumée, sa perception très forte suscite souvent beaucoup d’émoi. Bien que cela fasse partie de la vie des sites depuis longtemps, les craintes suscitées sont compréhensibles car les flammes peuvent être impressionnantes.
Pourquoi torcher ?
Les installations de production sont composées d’équipements qui peuvent s’apparenter à de grosses cocottes-minute. En effet, les équipements sont sous pression et cette pression est maitrisée et contenue à l’intérieur. Néanmoins, lorsque la pression devient trop importante, l'excédant de gaz doit être évacué rapidement pour assurer la sécurité du site. Contrairement aux cocottes-minute de cuisine, l’évacuation du surplus de gaz se fait très rarement à l’atmosphère pour des raisons environnementales et de sécurité évidentes. Dans l’industrie, les gaz en excédent sont dirigés vers les torches qui ont pour fonction de les brûler. Le brûlage de gaz à la torche est donc une opération temporaire, soit liée à un incident d’exploitation, soit lié à un régime transitoire des installations.
Il existe diverses causes d’incidents qui peuvent être à l’origine du brûlage à la torche :
- des aléas d’exploitations classiques, par exemple une défaillance d’équipement (arrêt d’un compresseur, surpression dans une capacité). Les gaz alors en excédent sont dirigés automatiquement vers la torche ;
- Une coupure d’électricité qui entraine un arrêt d’urgence des installations. Cette procédure d’urgence entraine inévitablement le brûlage à la torche ;
- Des phases transitoires, d’arrêt ou démarrage d’installation, la mise en service (ou l’arrêt) progressive des différents équipements qui composent l’installation impose de diriger momentanément la production de gaz vers la torche.
Est-il possible de procéder autrement ?
Les alternatives au brûlage à la torche ne sont pas viables : récupérer tout le gaz qui doit être évacué rapidement est inconcevable pour des raisons purement techniques, et relâcher à l’atmosphère sans brûler serait bien plus dommageable à l’environnement, bien que moins perceptible à l’œil nu. Le brûlage à la torche réduit considérablement les émissions qui autrement seraient libérées brutes dans l’atmosphère. Il permet de transformer tous les hydrocarbures en CO2 (dioxyde de carbone) lorsque la combustion est de bonne qualité.
Eviter le recours à la torche n'est pas possible, mais des moyens sont mis en place pour limiter la fréquence et le temps d'utilisation des torches. Les voies de progrès sont :
- Améliorer la fiabilité des installations pour limiter les incidents. L’objectif « fiabilité » pour un exploitant est vertueux, car il permet d’agir sur tous les tableaux, de la réduction de l’impact environnemental à une meilleure productivité ;
- Améliorer les procédures opérationnelles pour optimiser les phases transitoires. Cela peut aller de la conception même du procédé, ce qui n’est pas toujours réalisable pour des installations existantes, à des aménagements des modes opératoires, ce qui fait partie des bonnes pratiques d’exploitation.
Pourquoi y a-t-il parfois beaucoup de fumée ?
Lorsque la combustion est bonne, il n’y a pas de fumée. Une bonne combustion est facilitée par l'injection de vapeur, dite « vapeur d’effacement », car elle permet d’éviter les fumées noires et abondantes.
Lorsque l’injection de vapeur est insuffisante par rapport à la quantité de gaz brûlés (trop de gaz ou pas assez de vapeur disponible) la combustion n’est pas bonne et des fumées sont émises. Les torches sont en général très hautes afin d’assurer une meilleure dispersion des polluants résiduels et limiter ainsi très fortement la concentration en substances toxiques (exemple : particules fines, dioxyde de soufre, composés organiques volatils) au niveau du sol, donc l’impact sur les populations.
Dans certaines conditions de fonctionnement, notamment lorsque le débit de gaz est important et que la vapeur est injectée à fort débit pour éviter les fumées noires, la torche peut générer du bruit. Ce paramètre est pris en considération dans la conception des nez de torches pour en limiter l’effet.
Les exploitants sont-ils autorisés à torcher ?
La réglementation encadre la conception et l’utilisation des systèmes de torche. Pour assurer la sécurité, le système de torche est conçu pour répondre à « l’incident majorant », autrement dit le cas le plus extrême en termes de quantités de gaz à évacuer.
L’exploitant doit rapporter aux autorités les évènements ayant généré une torche et fournir une analyse de l’incident pour en identifier la cause. Par ailleurs, les industriels de Fos-Etang de Berre se sont engagés à communiquer systématiquement à la population les épisodes de torche, en utilisant notamment le dispositif Allo-Industrie.
Un message peut être envoyé par anticipation, dans le cas d’une opération d’exploitation prévue : il s’agit d’un évènement « planifié ». En cas d’évènement « non planifié », un message d’information est posté dans les meilleurs délais, sachant que l’incident fait l’objet avant tout des procédures légales d’information des autorités (Préfecture, DREAL, etc.).
- Information sur les torches et leur utilisation
- Peut-on réduire les émissions à la torche ?
- Réduction des émissions à la torche dans le cadre du grand arrêt réglementaire planifié
- Réduction de la quantité de gaz brulée aux 2 torches de Naphtachimie
- Réduire les émissions de Composés Organiques Volatils (COV)
- Planifier l’utilisation de la torche
- Arrêtés préfectoraux complémentaires liés aux émissions de COV (Composés Organiques Volatils)
- Site Allo Industrie (GMIF)
- Autour de l'étang : on saura tout sur le rôle et le fonctionnement des torches (La Provence, 2021)